La langue de l’écrivain est en quelque sorte le produit de sa propre action ; il est à la fois l’historien et l’agent de sa propre langue.

Paul de Man, un critique littéraire belge renommé et théoricien, a fait cette déclaration dans le contexte de l’exploration de la relation entre la langue et l’écrivain. Il a fait valoir que la langue d’un écrivain n’est pas simplement un outil passif mais plutôt une force active qui façonne et est façonnée par l’écrivain. En déclarant que l’écrivain est à la fois l’historien et l’agent de sa propre langue, De Man a souligné le double rôle de l’écrivain dans la création et l’interprétation du sens par leur utilisation de la langue.

Paul de Man est considéré comme l’une des figures les plus influentes de la déconstruction, une école de pensée qui a émergé au milieu du 20e siècle. Né en 1919 à Anvers, en Belgique, de l’homme a déménagé aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale et est devenu professeur de littérature comparative à l’Université de Yale. Il a pris de l’importance à travers ses écrits perspicaces et révolutionnaires sur la théorie littéraire et la critique.

Les contributions de De Man à la critique sont vastes et profondes. Il a joué un rôle central dans la popularisation de la déconstruction aux États-Unis à travers ses essais et conférences. La déconstruction remet en question les hypothèses traditionnelles sur le langage, le sens et l’interprétation en exposant l’instabilité inhérente et les contradictions dans les textes. Le travail de De Man s’est concentré sur la révélation des complexités et des incertitudes du langage, soulignant que le sens n’est jamais fixé mais constamment changeant et insaisissable.

L’une des œuvres notables de De Man est «Blindness and Insight: Essays in the Rhetoric of Contemporary Criticism», publié en 1971. Dans ce livre, il examine les façons dont la langue fonctionne dans des textes littéraires, attirant l’attention sur les lacunes, les contradictions et ambiguïtés qui sous-tendent des expressions apparemment claires et transparentes. De Man a fait valoir que le langage n’est pas un support transparent pour transmettre la vérité mais plutôt un système qui s’enfère constamment le sens et cache ses propres insuffisances.

Cependant, il est important de noter que les contributions de De Man à la critique ne sont pas sans controverse. À la fin des années 1980, après sa mort en 1983, des révélations ont émergé sur l’implication de De Man dans les écrits antisémites au début de sa carrière en Belgique. Cette divulgation a conduit à une réévaluation de son travail et a déclenché des débats sur les implications éthiques de ses idées.

Néanmoins, l’héritage intellectuel de Paul de Man reste important. Son exploration du langage en tant que système dynamique et complexe continue d’influencer la théorie et la critique littéraires, ce qui remet en question les compréhensions conventionnelles et l’ouverture de nouvelles voies d’interprétation.